dimanche 9 juin 2013

Invictus - William Ernest Henley


Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

                              William Ernest Henley
(Variante française proposée  dans le film de Clint Eastwood)





Le poème :

William Ernest Henley
Il est écrit en 1875 par le poète britannique William Ernest Henley (1849-1903), qui fut également éditeur et critique littéraire. William souffre depuis l’âge de 12 ans d’une tuberculose osseuse. Il a 25 ans lorsque de graves complications médicales rendent  nécessaire l’amputation d’un pied.  Lors de son hospitalisation en 1875, l’opération est suivie de terribles douleurs et le jeune homme écrit ce poème sur son lit d’hôpital pour se donner le courage et la force de surmonter sa souffrance.

Il sera publié sans titre, dans un recueil de poèmes en 1888. C’est un certain Arthur Quiller –Couch,  poète et romancier anglais, qui lui attribue en 1900 un titre en latin : « Invictus », qui signifie « invaincu, invincible ».

Il existe de nombreuses versions françaises de ce poème, étant donné qu’il a été traduit plus ou moins librement à partir de l’original en anglais, que voici :


Invictus

Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.

Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.


It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.



Comme mon anglais n’est pas suffisamment pointu pour me permettre de juger de la pertinence de la traduction que je vous propose ci-dessus, je ne m’aventurerai pas dans une interprétation précise  du poème…
Les vers qui reviennent pourtant assez fidèlement dans les multiples variantes sont :

« Je suis le maître de mon destin,
    Je suis le capitaine de mon âme. »

Ils résument bien  l’esprit du poème : chacun détient les clés de sa propre destinée. Gardez le cap avec détermination, en toutes circonstances la tête  haute. Et ne doutez jamais de la force qui vous habite.  Vous traverserez ainsi les pires coups du sort et les épreuves de la vie qui paraissent les plus insurmontables…


Nelson Mandela et « Invictus » :

J’ai découvert ce poème en 2009, comme beaucoup d’entre vous, lors de la sortie du film de Clint Eastwood « Invictus » : la voix chaude et grave de la doublure française de Morgan Freeman en fait une émouvante lecture. Magnifique… Je vous la propose en lien sous l’adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=x5dTDpqXrfk

Dans ce film, on apprend qu’ « Invictus » est le poème préféré de Nelson Mandela. Lors de sa longue incarcération de 28 ans dans la prison sud-africaine de Robben Island, peine purgée en raison de son activisme anti- apartheid  en faveur de l’égalité des droits civiques, Nelson Mandela avait trouvé un grand réconfort dans la lecture quotidienne de ce poème. Il l’avait d’ailleurs recopié sur un mur de sa minuscule cellule…

Mandela dans sa cellule à Robben Island
En 1994, Mandela est élu à la tête du gouvernement sud-africain. Il proclame la fin de l’apartheid, mais le pays est déchiré par des haines et des rancoeurs  encore bien présentes. Il tente alors  de trouver des thèmes rassembleurs susceptibles de renforcer une unité nationale défaillante. Or, en 1995, l’Afrique du Sud devient le pays organisateur de la coupe du monde de rugby. Mandela comprend très vite que l’équipe nationale, les Springboks, malgré de forts clivages ethniques, peut cristalliser tout l’enthousiasme et  toute l’énergie positive d’une société en reconstruction. Il encourage de son mieux les joueurs et  leur capitaine, François Pienaar : tous prennent peu à peu  conscience de l’enjeu politique et oeuvrent pour la victoire. La veille de la grande finale contre les  All Blacks de Nouvelle- Zélande, Mandela offre à François Pienaar une copie manuscrite du fameux poème « Invictus », en signe d’encouragement et de confiance. Un geste symbolique, lourd de bien des attentes...

Le succès sourit avec impertinence aux Springboks ! Leur  victoire tombe comme une bénédiction par 15 à 12. C’est tout un peuple qui exulte de joie,  jubile de fierté, les yeux tournés vers son  équipe… Qui peut encore affirmer que sport est sans magie ?

Mandela remet la coupe au capitaine des Springboks François Pienaar

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